Espace Kinesis

Angélique Clavier - Kinésiologue

Joël et la propreté

La maman de Joêl est inquiète : son fils a 9 ans et n’est toujours pas propre. En effet, il est victime d’énurésie la nuit (pipi au lit) et il arrive même que son fils n’arrive pas à se retenir jusqu’aux toilettes la journée…
Joël a le regard fixé au sol, il n’ose pas me regarder. Il tente de se faire tout petit sur sa chaise mais sans succès. C’est un grand garçon qui se situe dans la moyenne à l’école mais il est facilement distrait et du coup, manque de concentration. Il est souvent grondé, que ce soit par la maîtresse ou à la maison : « Tu es grand, tu devrais être propre et comprendre que tu dois rester concentré pour apprendre ! » .
– « Joêl, qu’est-ce que ça t’empêche de faire ? Qu’est-ce que tu souhaiterais faire si tu n’avais pas ce problème ? » , je me risque à poser la question, espérant attirer son attention.
Ma question l’interpelle, il est intéressé si je peux l’aider à réaliser un de ses projets : « J’aimerais aller dormir chez mon copain Max et partir en voyage scolaire avec ma classe ! » me répond-il plein d’espoir.
Il y a beaucoup de pistes possibles dans ce cas de figure mais dans le contexte de Joël, il m’apparait clair qu’il est victime d’un de ses réflexes primitifs qui est encore actif. Je lui dis que je sais qu’il fait de son mieux, qu’il est intelligent mais qu’il ne peut pas maîtriser ce réflexe et que c’est indépendant de sa volonté. Quand son réflexe est stimulé, cela provoque une contraction de la vessie et lui fait perdre sa concentration à l’école. Et oui, un simple crayon qui tombe derrière lui et cela peut suffire !
Nous avons regardé tous les trois les exercices à faire à la maison afin de rééduquer son corps : c’est relativement simple et agréable à faire. Je lis l’espoir dans son regard et la reconnaissance que quelqu’un lui dise que ce n’est pas de sa faute.
Trois semaines plus tard, je reçois une carte postale de Joël qui est ravi de m’annoncer qu’il est en classe verte et que cela se passe très bien ! Il espère me revoir bientôt pour l’aider désormais à s’exprimer plus facilement en classe !

Mireille et son désir de devenir mère

Mireille est une jeune femme dans la fleur de l’âge, belle comme un ange et douce comme le coton. Quand elle parle, elle s’excuse d’être là, de devoir demander de l’aide. Mireille avoue à demi-mots qu’elle vient me voir car elle ne peut pas avoir d’enfant, son corps ne veut pas alors qu’elle se sent prête. Le regard fuyant, elle s’excuse encore une fois de devoir demander de l’aide pour quelque chose qui est naturel.

Ce visage tourné vers ses pieds, sa voix qui a du mal à sortir quand elle doit exprimer son mal-être du moment. Oui, elle a décidé de passer par la Procréation Médicalement Assistée, après des années d’essais infructueux et de fausse-couches qui ont anéanties sa lueur d’espoir. Elle attend de moi du soutien, de l’aider à ne pas avoir peur de ce parcours semé d’embauches, physiquement et psychologiquement dur pour ces couples. Le stress l’envahit et la peur d’être à nouveau déçue a raison de ses dernières murailles : elle fond en larmes. Des flots l’inondent, retenus depuis tellement de temps, trop longtemps.

Alors je l’ai aidée, à ma façon. Je l’ai accompagnée pour que ce parcours lui soit moins pénible, moins stressant. Nous avons partagé ces moments où l’émotion la submergeait, la libérant de tant de culpabilité qu’elle s’était imposée. Nous avons fait en sorte que ces épisodes de pertes de bébés soient moins lourds à porter. Elle a à nouveau le sourire et elle recontacte celle qu’elle était, celle qu’elle est.

Aujourd’hui Mireille revient me voir mais pour autre chose. Elle est rayonnante, lumineuse, elle a un sourire qui a donné envie au soleil de se cacher tellement elle lui fait de l’ombre. Aujourd’hui elle ne regarde plus ses pieds, elle ne peut plus : un petit être grandit dans son ventre rond ! Elle voudrait savoir s’il a bien vécu sa conception, malgré toutes les péripéties de ses parents. Je lui souris et la fait entrer, donnons la parole à ce bébé tant attendu !

Mireille m’a maintes fois remerciée pour le travail que nous avons effectué autour de ce parcours mais je n’ai été qu’une accompagnante. Le travail, c’est elle qui l’a fait, je n’ai fait que la guider pour trouver les clés. Saurez-vous trouvez les vôtres ?